28 août 2011

Eto'o: son tout 1er but en Russie.

   Adulé pour son talent et ses multiples trophées, vomi pour sa grande gueule et son manque de succès en équipe nationale du Cameroun, Samuel Eto'o est un joueur qui a toujours suscité la polémique. Il a confirmé cette réputation en signant mi-Aout dernier le transfert le plus incroyable de l'histoire du foot.

   Le triple vainqueur de la Ligue des Champions et quadruple Ballon d'or africain quitte le prestigieux club de l'Inter de Milan pour rejoindre Anzhi Makhachkala, le club de la capitale du Daghestan en Russie. C'est un club qui ne brille pas particulièrement par ses performances: il n'est que 4eme du championnat de Russie qui tire déjà a sa fin; donc il ne pourra certainement pas se qualifier pour la ligue des champions. D'autre part, le Daghestan est une république très instable qui est située a l'est de la Tchéthénie. Cette situation obligera Samuel a loger a Moscou, a 1500 km de son nouveau club, dans une luxueuse villa mise a sa disposition par ses dirigeants. C'est donc en jet privé que le joueur ira disputer les matchs a domicile. On le voit, les motivations de Eto'o ne peuvent pas être sportives.

    Pour convaincre sa nouvelle recrue, Suleyman Kerimov, le milliardaire russe qui vient de racheter le club de Makhachkala a du se montrer très persuasif: 20,5 millions d'euros de salaire annuel ( soit près de 13 milliard de francs CFA)net d’impôt et hors prime pour Eto'o plus 5 millions d'euros supplémentaires si le joueur marque 15 buts en championnat et 10 millions s'il en marque 30. Il lui est également promis 5 autres millions d'euros si Anzhi réussit a se se qualifier pour la Ligue des Champions.Autant le dire, en signant ce contrat, Eto'o vient d'ajouter un nouveau titre a son Impressionnant palmarès: celui du joueur le mieux payé de toute l'histoire du foot. C'est en tout cas ce que confirme le magazine Forbes. Eto'o vient ainsi de reléguer au rang de smicards ses concurrents directs qui sont dans l'ordre Christiano Ronaldo ( 13 million d'euros selon Forbes), Rooney et Messi.
   Un observateur camerounais a même calculé qu’avec l’argent perçu annuellement par le joueur, on pourrait employer 70.000 travailleurs au salaire moyen local. Mais pour les nombreux fans d'Eto'o, le plus dur commence maintenant car il leur faudra trouver une chaine de télévision qui retransmet le championnat russe. Ici encore les Ivoiriens ont démontré leur talent en allant dénicher pour vous les images du tout premier but  de Eto'o en Russie. NB: allergiques a la langue russe, s'abstenir!

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RFI : Ephrem Youkpo remplace Claudy Siar


En l’absence de l’animateur vedette de RFI Claudy Siar, le journaliste ivoirien Ephrem Youkpo a pris les manettes de l’émission musicale à succès Couleurs tropicales.

Avec un petit sourire, Ephrem Youkpo esquive toutes les questions trop personnelles : Marié ? Des enfants ? Des frères et sœurs ? Aucune réponse. En revanche, il s’anime dès qu’il s’agit de son nouveau job : assurer l’intérim de Claudy Siar, l’animateur vedette de Radio France Internationale (RFI). « Je ne veux pas le remplacer. Je veux juste tenir la maison jusqu’à son retour », déclare le journaliste ivoirien. C’est évident, le nouvel animateur de Couleurs tropicales admire celui qu’il remplace : « Claudy est quelqu’un qui sait comment tirer de vous le maximum. Sa méthode : respect et confiance. »
Coup de pression
Depuis le 16 mai, Ephrem Youkpo, 43 ans, a repris les rênes de l’émission musicale « afro » dont il avait été l’un des chroniqueurs en 2004, quelques semaines après la nomination au poste de délégué interministériel à l’Égalité des chances des Français d’outre-mer de Claudy Siar, le 29 mars. Un sacré coup de pression pour ce journaliste, sélectionné après un casting. « Ce n’est pas rien de travailler à RFI, encore moins d’animer une émission à une heure de grande écoute », confesse-t-il. La tranche horaire (de 20h10 à 21 heures TU) réunit tous les soirs une centaine de millions d’auditeurs de par le monde.
Rien à voir avec les soirées lycéennes que l’animateur égayait dans sa jeunesse en Côte d’Ivoire. « J’admirais les vedettes de la télévision ivoirienne, Georges Benson ou encore Roger Fulgence Kassy, relate-t-il. Et à force de les imiter, je me suis retrouvé à faire les animations des soirées ou des kermesses scolaires. » Après son baccalauréat, en 1988, direction la France où, parallèlement à ses études de lettres, il collabore avec la presse écrite – dont le magazine féminin Amina – et des radios locales et nationales, comme Nostalgie, Voltage, Africa no 1, Média tropical… Rien à voir avec les études de médecine ou d’histoire que son père espérait le voir épouser, raconte-t-il en riant. « Lui qui pensait que ce n’était qu’un passe-temps d’étudiant… Il n’a compris que j’en avais fait mon métier que lorsqu’il a commencé à m’entendre à la radio et qu’il m’a vu à la télé. Il était très fier », confie-t-il, nostalgique.







À la recherche du succès ?
Également à la tête de X-Pol, créé en 1999 en Côte d’Ivoire puis installé en 2004 en France, le journaliste produit plusieurs programmes télé, dont certains ont été diffusés par CFI ou TV5 (Visages d’Afrique, Africa Musica, Lu et approuvé). Il planche depuis deux ans sur un nouveau concept, Africa Comedy Academy, une émission de téléréalité durant laquelle les téléspectateurs devront élire le meilleur humoriste. Elle était prévue pour démarrer en 2010 en Côte d’Ivoire, mais la situation sociopolitique du pays en a décalé le lancement.
Est-ce la recherche du succès qui le fait courir ? « Absolument pas ! s’exclame-t-il. Je veux juste faire des choses qui me passionnent. Et la radio et la télé en font partie », justifie Ephrem Youkpo. Avant de conclure : « Cela fait plus de vingt ans que je fais mon petit bonhomme de chemin, sans histoires »


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27 août 2011

Bonoua : elle vient d’obtenir son CEPE à 59 ans.

« Mémé, mémé, viens voir la salle où tu composes ! » C’est par ces cris qu’une joyeuse bande d’enfants, candidats eux mêmes à l’examen du CEPE 2008, ont accueilli le 1er juillet dernier au centre EPP Ahoulou Alphonse de Bonoua, Mme Essy Doko Céline, 59 ans, qui venait y subir les épreuves écrites. Après avoir passé haut la main le CEPE, la « mémé certifiée » a bien voulu raconter son aventure

Vous venez d’être brillamment admise à l’examen du CEPE, session 2008 avec 140 points sur 170. La particularité de la candidate libre que vous êtes, c’est votre âge : 59 ans. Pourquoi c’est maintenant que vous passez cet examen ?

Mme Essy Doko Céline : Lorsque j’étais enfant, mes parents n’ont pas voulu me mettre à l’école. Mon frère aîné par contre a eu la chance d’y aller, et lorsqu’il a commencé à travailler comme enseignant à Adiaké en 1958, mon père m’a demandé d’aller rester avec lui pour lui faire à manger. Pendant que je vivais chez lui, des élèves venaient à la maison et c’est avec eux que j’ai appris à parler le français. Voyant que j’étais éveillée, le directeur de l’école où enseignait mon grand frère lui a demandé de me scolariser. Mais il lui a fait comprendre que je n’étais pas venue pour aller à l’école, mais plutôt pour être à son service. C’est ainsi que pendant trois ans, je lui préparais à manger, jusqu’au jour où j’ai rencontré mon mari. Celui- ci n’ayant pas grands moyens, j’étais obligée de me battre toute seule. Je faisais de petits commerces qui me permettaient de nourrir mes enfants. Malgré mes multiples occupations, j’étais déterminée à m’instruire, mais le principal obstacle, c’étaient mes multiples maternités. J’ai eu 13 enfants au total dont 4 sont décédés. Mon fils aîné qui a 43 ans, est professeur d’Arts plastiques. Lorsque j’ai été informée des cours d’alphabétisation à Bonoua, je me suis inscrite immédiatement.

Pendant combien d’années avez-vous suivi ces cours pour avoir cette année 2008 le CEPE ? Mme EDC : J’ai suivi ces cours pendant trois ans. Lorsque j’ai commencé la première année à l’école Akpa Gnagne de Bonoua, ma maîtresse, celle même qui m’encourageait le plus, décède brusquement. C’était un vrai choc pour moi et j’ai dû abandonner. Mais j’ai repris l’année suivante pour terminer finalement à l’école de la mission catholique de Bonoua. De 30 élèves que nous étions au départ, nous sommes restés 6 à continuer les cours qui se déroulaient de 18 h à 20 h. Notre maître était découragé et voulait tout abandonner, mais vu que j’étais déterminée à apprendre, il a eu pitié et a continué avec nous.

Comment arrivez-vous à concilier vos nombreuses charges familiales et professionnelles avec vos études ? Mme EDC : C’était très difficile au départ, mais je me suis organisée. Comme à la maison, c’était quasiment impossible d’étudier, je le faisais au marché où je vends des assiettes et ustensiles de cuisine. J’ai pris deux répétiteurs qui viennent m’enseigner au marché, selon un emploi du temps que je leur ai établi. J’étais tellement « chaude » pour étudier que je les bousculais pratiquement.

Mais est-ce facile pour vous de faire deux choses à la fois, c’est-à-dire étudier et s’occuper de vos clients ? Mme EDC : C’est vrai, ce n’était pas du tout facile, la preuve en est que certains clients impatients d’attendre que je finisse de répondre à mon maître ou d’écrire un mot, avant de les servir, s’en vont ailleurs. Mais je me suis dit que c’était le prix à payer.

Vous avez eu le CEPE avec 140 points. Que comptez-vous faire avec ce diplôme, à votre âge ? Mme EDC : Je voudrais bien continuer, mais je mesure les difficultés qui m’attendent, car le secondaire ne sera pas facile, surtout que j’ai encore des enfants qui vont à l’école. Mais je veux bien tenter, car je veux aller un peu plus loin. Tout dépend, si j’obtiens une bourse ou une aide de l’Etat, je vais continuer, je suis décidée à aller loin. Mais, il me faut absolument de l’aide, car jusque- là, je me suis débrouillée seule avec mes maigres moyens. Si je reçois de l’aide pour développer davantage mon commerce, je pourrai avoir les moyens de continuer les études.

Pour en revenir à l’examen du CEPE, comment les choses se sont passées depuis la maison jusqu’au centre d’examen ? Mme EDC : J’étais sûre de moi, j’avais beaucoup étudié. En plus, M. Akaffou, notre maître nous a donné beaucoup de conseils. Il nous a surtout demandé de ne pas avoir peur. Je suis donc partie de la maison très sereine et déterminée. Dès que j’ai franchi le portail de mon centre d’examen, (NDLR : EPP Ahoulou Alphonse), l’accueil des enfants m’a encore donné plus de courage. Ils étaient une bonne dizaine à venir m’entourer criant « mémé, mémé ! viens, on va te montrer ta classe ». Ils se sont emparé de mes affaires et m’ont accompagnée jusque dans ma salle. Mais au moment où je rentrais, mon portable a sonné : c’était ma fille Grâce, l’avant-dernière de mes enfants, qui m’appelle en gémissant : « maman, maman, ça ne va pas, viens, viens vite ! » J’ai aussitôt crié : « Satan, tu es vaincu au nom de Jésus ! ». J’ai repris le téléphone pour lui dire de prendre un calmant et que la douleur va passer. Après l’avoir rassurée, j’ai éteint le portable et je suis rentrée dans la salle. Mais à peine j’ai pris mon stylo, j’ai commencé à m’inquiéter de l’état de santé de ma fille. Mes doigts tremblaient et j’ai eu l’idée de sortir pour aller la sauver, mais je me suis aussitôt ressaisie. J’ai donc adressé cette prière à Dieu. « Seigneur, je voulais à tout prix connaître papier, c’est pour ça que je suis là aujourd’hui, ne laisse donc pas le diable m’attaquer. Occupe- toi à la fois de ma fille et de moi-même. » Après cette prière, je suis redevenue calme et j’ai commencé à écrire sans problème. Pendant la pause de midi, je n’ai pas appelé à la maison pour m’enquérir de l’état de ma fille, de peur d’être déconcentrée. C’est le soir, lorsque je suis rentrée à la maison, que je l’ai retrouvée totalement rétablie de sa fièvre .

Comment vous et vos proches avez accueilli les résultats ? Mme EDC : Avec une joie indescriptible. Je suis arrivée au centre avec mon mari qui m’a toujours soutenue. Je me rappelle qu’à quelques jours de l’examen, je me suis réveillée en pleine nuit pour étudier. Quelque peu agacé, il m’interpelle vivement : « Mais Céline, ton affaire là, c’est quoi même ? » Je lui ai répondu : « Ecoute, mon frère, je tiens à réussir à mon examen ». Le jour des résultats, dès que mon maître m’a vue, il m’a d’emblée annoncé la nouvelle : « Maman, tes résultats sont bons, tu as eu ton CEPE ! » J’ai aussitôt dénoué un de mes pagnes et je l’ai supplié : « Viens, viens, je vais te porter au dos, ». En effet, c’est à lui que je dois en partie mon succès. Ensuite je me suis jetée dans les bras de mon mari qui était très content aussi.

Comment tes amis commerçantes du marché de Bonoua ont accueilli la nouvelle ? Mme EDC : C’est par des cris de joie qu’elles m’ont accueillie. Partout dans le marché, les femmes criaient et sautaient de joie. Certaines ne pensaient pas du tout que je pouvais aller jusqu’au bout.

Pensez-vous que votre expérience peut servir à d’autres personnes ? Mme EDC : Bien sûr, c’est pour cette raison d’ailleurs que j’ai tenu à aller jusqu’au bout. J’ai voulu prouver qu’il n’est pas trop tard pour apprendre. C’est depuis 1960 que je voulais absolument aller à l’école et avoir un diplôme. Ni mon mariage en 1963, ni mes 13 accouchements successifs, n’ont mis fin à ce rêve. La preuve est que, 48 ans après, je l’ai réalisé. Le CEPE que je viens d’obtenir, peut encore me servir. Je suis commerçante et je vends souvent à crédit. Désormais, je peux tenir un cahier dans lequel je mettrai les noms de mes créanciers et ce qu’ils me doivent. Avant, je ne pouvais pas le faire, et certains en profitaient pour me voler. Je dis à ces personnes, que mêmes si leurs parents ne les ont pas scolarisées, elles peuvent le faire elles- même après.

Interview réalisée par Charles d’Almeida

Un exemple à suivre

Lorsque l’un de ses fils, m’a appelé il y a quelques jours pour m’annoncer la nouvelle de la réussite au CEPE de sa mère, j’avais pensé à un bon gag. Mais deux jours plus tard, je le vois arriver avec une dame impeccablement mise dans un bel ensemble de pagnes. « Voici ma mère et voici son relevé de notes, sa convocation, sa fiche de table avec sa photo à l’appui et sa carte d’apprenante au cours d’alphabétisation ». Le doute n’était donc plus permis. La candidate Essy Doko Celine, née le 13/09/ 1949 à Bonoua, qui a composé au centre d’examen Ahoulou Alphonse de ladite ville, avec le No de table 2350, est bel et bien admise au CEPE avec un total de 140 points sur 170. Cela aurait mérité une orientation d’office en 6e, si la « mémé certifiée » n’était pas candidate libre. La dernière surprise, ce ne sont pas les terrines « d’attoukpou », (couscous de manioc cuit à la vapeur) qu’elle me tend à la fin de l’entretien, mais plutôt des cahiers de cours dont les pages soigneusement entretenues, contenaient de véritables merveilles : une écriture de calligraphe, des croquis dessinés avec art. Devant mon étonnement, elle me rassure : « C’est un héritage familial, mon fils est professeur d’Arts plastiques ». Puisse le courage et la ténacité de cette dame, servir d’exemple à ces millions de personnes qui continuent de se morfondre et de maudire leurs parents, de ne les avoir pas mises à l’école.
Source : l’inter
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Djédjé Fabrice, le héros !

Fabrice Djédjé est l’un des neufs rescapés de l’accident du bus de la Société de Transport Abidjanais (Sotra), qui s’est retrouvé, hier matin, dans la lagune Ebrié. Ce garçon a posé un acte de bravoure qui a permis de sauver des vies. Il s’est ouvert une issue pour sauter avant que le mastodonte ne chute et se retrouve au fond de la lagune.
Par la grâce de Dieu, il a pu nager pour atteindre l’autre rive. Mais, épris de compassion, il a vaincu la peur. Il a ainsi rebroussé chemin et a pu sauver la vie de deux femmes. Il aurait pu sauver d’autres vies s’il n’avait pas été gagné par la fatigue. Il risquait de ne plus regagner la rive s’il récidivait. Les usagers témoins de cet acte l’ont salué à sa juste valeur. Le drame d’hier a été marqué par l’exploit de Djédjé Fabrice.
Source: Le Mandat.

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Tidjane thiam.

Président du groupe d’assurance britannique Prudential
Il a quitté la France pour crever le plafond de verre « parfaitement invisible mais ô combien réel » qui bloquait son ascension professionnelle. « Français avec un trait d’union », comme il se définit lui-même, le Franco-Ivoirien Tidjane Thiam, 47 ans, président depuis octobre dernier de Prudential, le premier groupe d’assurance britannique par la valorisation boursière, a secoué brutalement le monde feutré du secteur en proposant, le 1er mars, de racheter AIA, la branche asiatique de l’assureur américain AIG. « C’est le plus gros deal de l’histoire de l’assurance », entonnent les quotidiens économiques. Tidjane Thiam promet de mettre sur la table 35,5 milliards de dollars. Pour ce faire, il doit procéder à une augmentation de capital de 20 milliards de dollars, la deuxième par l’importance jamais réalisée à Londres.
Grand, élancé, élégant, le regard cerclé d’une fine monture, la star de la City en ce début de 2010 n’en cultive pas moins une extrême discrétion. Mais sous la carapace de cet homme bien né – des liens de sang l’unissent à Houphouët-Boigny – bouillonne une détermination sans faille. Il aurait pu se contenter d’être le premier Noir à diriger l’un des cent premiers groupes de la City. Mais il rêve d’un bâton de maréchal d’un tout autre métal. « C’est le reflet d’un état d’esprit que nous a insufflé notre père : être les meilleurs dans tout ce que l’on entreprend. Tidjane voulait constamment être le premier de sa classe, y compris en gym ou en dessin. Ce souci de la perfection l’a toujours guidé », se souvient son frère Augustin, médecin à la retraite. Les sept enfants de la fratrie ont tous réussi leur parcours universitaire, avec une maîtrise comme bagage minimum. Sur cinq garçons, trois ont déjà été ministres en Côte d’Ivoire.
Alors français, le père de Tidjane, Amadou Thiam, né en 1923 à Dagna, sur les rives du fleuve Sénégal, arrive à Abid­jan en 1945. Il lancera Radio Côte d’Ivoire en 1962, puis deux chaînes de télévision, avant d’être nommé ministre de l’Information, puis ambassadeur au Maroc. « Nous sommes sénégalais comme Barack Obama est kényan », ironise Augustin. Et français comme leur père, Amadou, dont Tidjane Thiam a pu lire l’émotion dans les yeux « le jour où il reçut ses insignes de Chevalier de la Légion d’honneur. Ce jour-là, [il comprit] soudain pourquoi cet homme qui avait lutté pour voir la Côte d’Ivoire indépendante réagissait encore si fortement aux accents de La Marseillaise où qu’il l’entende ».
C’est au lycée Descartes de Rabat que Tidjane Thiam obtient son bac avant de poursuivre ses études en France. « L’immigré que je suis est reconnaissant aux sans-culottes. Ils nous ont donné en héritage ce mot et cette aspiration si précieux : la méritocratie », écrit-il dans Qu’est-ce qu’être français ?, un ouvrage à plusieurs mains publié en octobre 2009 par l’Institut Montaigne. Polytechnicien, il doit à son 1,93 m d’avoir défilé sur les Champs-Élysées au premier rang de la prestigieuse école, le 14 juillet 1983, sous le regard protecteur de sa mère. Un cursus qu’il complétera en 1988 par un MBA à l’Institut européen d’administration des affaires (Insead).
Mais sa couleur de peau plombe un CV orné des plus prestigieux diplômes de la République, ces prétendus sésames de la réussite. Il est d’abord recruté par le cabinet McKinsey, à Paris. En 1994, il saisit l’occasion que lui offre le président Henri Konan Bédié de revenir au pays. Directeur général du Bureau national d’études techniques et de développement (BNETD), chargé des grands travaux, « il a ivoirisé l’institution, qui comptait 70 % de cadres expatriés français », rappelle Augustin. Il sera ensuite ministre du Plan et du Développement, jusqu’au coup d’État de 1999. « C’était pendant Noël, il était en vacances chez la famille de sa femme [une Américaine convertie à l’islam, la religion de son époux], aux États-Unis. Quand il a appris que ses collègues ministres avaient été arrêtés, il est revenu à Abidjan et s’est constitué prisonnier. Il faut le faire ! » s’exclame Augustin.
De retour sur le Vieux Continent, il est repéré en 2002 par Aviva. En 2006, il en devient le patron pour l’Europe et siège au conseil d’administration. D’aucuns le voient déjà prendre les rênes du groupe d’assurance britannique. Mais il rejoindra l’ennemi juré Prudential. Tidjane Thiam, « cet homme doué d’un talent extraordinaire », dixit Mark Tucker, qui lui a cédé son fauteuil de PDG, ne frappe décidément jamais là où on l’attend.
                                                             
source: Jeuneafrique

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26 août 2011

Champagne : débouché africain

Après une baisse due à la crise économique, les ventes de champagne repartent. Les marques voient le continent comme un relais de croissance pour compenser l’érosion de leur chiffre d’affaires dans les pays riches.
Champagne à volonté ! Pour fêter les 75 ans de la ligne Paris-Dakar, le 31 mai dernier, Air France a mis les petits plats dans les grands : sur le tarmac de l’aéroport Léopold-Sédar-Senghor, le cocktail n’avait rien d’improvisé et, dans les coupes, le prestigieux vin à bulles coulait à flots. Une scène de plus en plus banale à Dakar. Mais le Sénégal, qui a importé plus de 56 000 bouteilles en 2010 – soit une croissance de 7,9 % par rapport à 2009 –, n’est pas un cas isolé : la hausse de la consommation de champagne est une tendance continentale.
En 2010, l’Afrique en a importé plus de 2,7 millions de bouteilles, contre un peu moins de 2,6 millions un an plus tôt. Un niveau encore en deçà de celui d’avant la crise de 2008 (3,1 millions), mais les ventes décollent à nouveau, pour atteindre un chiffre d’affaires de 53,2 millions d’euros. Le Nigeria et l’Afrique du Sud trustent les deux premières places (voir infographie), suivis du Maroc, premier importateur en Afrique du Nord.


L’Afrique représente 2 % des importations mondiales de l’appellation française : c’est plus que la Chine, l’Inde et l’Amérique du Sud réunies (1,9 %) ! Et la crise postélectorale en Côte d’Ivoire, les révolutions arabes et les élections dans de nombreux pays n’y ont rien changé : l’optimisme reste de mise et les marques investissent au pas de charge. Parmi elles, Laurent-Perrier et Moët Hennessy (groupe LVMH, qui possède aussi Moët & Chandon, Dom Pérignon, Ruinart, Veuve Clicquot…) disent afficher une croissance supérieure à 10 % par an sur le continent.
Coeur de cible
« Avant une élection, la consommation baisse un peu, mais elle reprend dès le lendemain », observe Jean-Sébastien Boileau, directeur Afrique et Moyen-Orient de la marque Laurent-Perrier, présente depuis un demi-siècle sur le continent. « En Côte d’Ivoire, l’investiture de Ouattara était au champagne, et nous y avons repris nos activités marketing depuis trois semaines déjà », se réjouit-il. Clovis Taittinger, directeur adjoint des exportations du groupe Taittinger, assure de son côté avoir quadruplé ses ventes africaines en un an, après une quasi-absence de deux décennies. « Il y a une vraie proximité culturelle de l’Afrique avec tout ce qui touche à la fête et au luxe, et nous ne demandons qu’à investir plus », affirme-t-il.
Exception faite des marques présentes de longue date (Moët, Laurent-Perrier…), la ruée des maisons champenoises vers l’Afrique est aussi conjoncturelle : confrontées à l’érosion de leurs ventes sur les marchés occidentaux à la suite de la crise mondiale, elles ont cherché des relais de croissance dans les pays émergents. Et l’Afrique, traditionnellement friande du vin pétillant hexagonal, est leur nouveau cœur de cible. Conséquences : une compétition accrue et l’arrivée de bouteilles meilleur marché.
« Les maisons Trouillard ou Nicolas Feuillate proposent des produits moins chers, et il y a clairement un potentiel commercial pour des vins d’entrée de gamme », analyse Michel Moukarzel, directeur des achats de l’entreprise Prix Import, basée au Gabon, l’un des pays phares avec près de 144 000 bouteilles écoulées en 2010. Une situation qui n’inquiète pas Laurent-Perrier : « Ces marques conquièrent de nouveaux consommateurs et ne nous concurrencent pas vraiment, assure Jean-Sébastien Boileau. Cela peut même nous être bénéfique à long terme avec l’augmentation du pouvoir d’achat. À nous d’être originaux dans notre stratégie marketing. »
D’une part, les clients traditionnels (hôtels, restaurants, boîtes de nuit, États…) ne font pas défection ; d’autre part, de nouveaux palais s’initient aux joies des bulles. Et alors que les hommes plébiscitent les alcools forts et la bière, « les femmes boivent de plus en plus et apprécient particulièrement le vin blanc et le champagne à l’apéritif », explique Rachid Tahiri, responsable de l’activité restauration à l’hôtel Méridien-Président de Dakar. Mariages, réunions de famille… Les fêtes traditionnelles pétillent de plus en plus. Mœurs et coutumes évoluent.
Grandes surfaces
Autre facteur : le « bonus démographique », comme le décrit Davide Marcovitch, président pour l’Amérique latine, l’Afrique, le Moyen-Orient et le Canada de Moët Hennessy. Avec le milliard d’Africains qui seront en âge de travailler en 2020, l’émergence d’une classe moyenne et le nombre croissant de grandes surfaces de distribution, le marché s’élargit. « Nous avons d’abord ressenti ce phénomène au Nigeria », précise le patron de Moët Hennessy, qui renforce ses équipes depuis quelques mois pour s’imposer au Kenya, en Tanzanie, en Éthiopie ou encore en Angola. « L’arrivée des groupes sud-africains dans la grande distribution change la donne », ajoute-t-il.
Même constat du côté de Laurent-Perrier, qui voit de nouvelles zones d’expansion « en Angola et en Afrique de l’Est ». Internet et la téléphonie mobile sont en outre cités comme autant d’outils propices au renforcement de l’image des marques auprès de ces nouveaux consommateurs. Les bulles françaises pourraient bien s’imposer rapidement dans le panier de la ménagère africaine.

source: jeune afrique.

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